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Roadtrip Maroc jour 15 à 17: La vallée des heureux

Après une parenthèse sur la côte atlantique et s’être relaxés plusieurs jours à Essaouira, nous prenons doucement la route du retour et nous dirigeons donc vers l’intérieur du pays.

Le barrage de Lalla Takerkoust

La première étape de la fin de cette boucle est le barrage de Lalla Takerkoust. Nous y resterons peu, juste le temps de nous arrêter un peu et de manger. Il y a plusieurs restaurants, nous en choisissons un dont la terrasse donne sur le lac artificiel. Il fait très chaud, il n’y a personne dans les rues, personne au bord du lac, juste une petite poignée de personnes éparpillées de ça de là dont un jeune homme qui s’amuse avec un jet ski (aux tarifs exorbitants) dont le ronronnement résonne à des kilomètres à la ronde.

L’eau ne nous paraît pas assez invitante pour que l’on se baigne, nous ne nous laissons pas tenter et reprenons la route.

Ourika

Notre route traverse la campagne, avec des champs de blé, des villageois qui moissonnent et trient le blé parfois avec une machine, bien souvent à l’ancienne avec une faux, voire une faucille. Nous voyons sur notre route des ânes chargés de paille, les moins fortunés la portent eux-même sur leur dos.

Nous arrivons en fin d’après-midi à Ourika, dans un lieu tellement différent de la réalité qui nous entoure: un petit kiosque au bord d’une piscine dont le bleu dénote par rapport au jaune-doré des paysages environnants, mais aussi un jardin où l’on trouve aussi bien des plants de tomates et une grande variété de légumes que des oliviers, des amandiers et plusieurs arbres fruitiers. Nous prenons le thé au bord de la piscine et nous reposons un peu dans une chambre aussi immense que luxueuse.

Nous ne resterons qu’une nuit à Ourika, car nous comptons bien visiter sa vallée.

Les sources de Setti Fatma

Le lendemain matin, nous prenons la route pour Demnate, en faisant un crochet par Setti Fatma. Cette halte se trouve légèrement en altitude, on peut y faire de belles randonnées et profiter de la fraîcheur des sources qui se trouvent dans les environs. Certaines traversent même la route et plus on monte, plus les sources se font nombreuses. Le lieu nous rappelle Oum Rabia où nous avions fait halte lors de notre premier jour de route, à une différence près: nous sommes ici près de Marrakech, assez près du moins pour croiser de nombreux touristes qui séjournent dans la ville rouge et font une excursion d’une journée à Setti Fatma.

Le long de la route, un homme vêtu d’un gilet jaune nous fait signe de nous arrêter (rien à voir avec les gilets jaunes en France, hein, c’était bien avant). Nous nous demandons quel est le problème car la route ne semble pas fermée. Et non, en effet, il n’y a aucun problème, c’est juste une façon de nous forcer à nous arrêter sur un parking pour que nous allions dans tel ou tel restaurant. Nous croisons des dizaines de types comme lui sur les derniers kilomètres. Nous garons la voiture où nous l’avons décidé et continuons à pied. Après plus de 2 semaines de route, dans le désert, dans les montagnes, les forêts, la cambrousse et près de la mer, la voiture est dans un état… Nous nous amusons à dessiner sur la poussière car après tout, une voiture bien sale c’est aussi le signe que l’on a bien profité de cette aventure.

Bref, nous nous baladons un peu le long de la rivière, traversons des ponts de fortune en croisant les doigts pour ne pas glisser et allons boire un pom’s plein de sucre (une boisson gazeuse arôme pomme) dans un petit resto les pieds dans l’eau. Il y en a des dizaines qui se suivent et se ressemblent, avec des chaises en plastique ou des coussins et des couvertures, à l’ombre ou au soleil, le choix se résume à cela. Mais un peu de fraîcheur c’est bien agréable.

Quand nous sommes reposés, nous reprenons la route pour Demnate, mais avant nous nous arrêtons à quelques kilomètres de là pour déjeuner dans un joli jardin fleuri qui porte bien son nom puisqu’il s’appelle Ourika garden.

Encore un peu de route et en fin de journée nous arrivons à Demnate.

Jardin d’Eden à Demnate

Nous déposons nos valises dans un lieu vraiment enchanteur où, comble du bonheur, nous sommes seuls. Depuis le début de notre voyage, les riads ou kasbah où nous avons logé étaient quasiment vide car juin/juillet c’est vraiment la basse saison: il fait trop chaud. Entre la piscine naturelle (sans chlore ni produits chimiques, la propreté de l’eau est dûe à un bon entretien mais aussi à des plantes qui la filtrent), les chaises longues et le hamac sous les oliviers, on se sent comme des coqs en pâte.

Avant le dîner, nous faisons un tour dans le jardin en terrasses, un véritable jardin d’eden où l’on trouve absolument de tout, jusqu’aux ruches! Le dîner est très différent des sempiternels tajines: ici nous avons dit à quelle heure nous voulions dîner et tout a été préparé comme à la maison, en mieux. La vie de roi ça doit être ça. Il y a d’ailleurs deux chats là bas qui ont la belle vie: vautrés sur les canapés le long de la piscine. Ils ont peut-être même reçu les restes du délicieux poulet au safran (enfin, ce qu’on en a laissé…)

Nous demandons conseil pour le lendemain car nous voudrions faire une balade dans les villages de la vallée. Notre hôte se décarcasse pour nous trouver un guide mais en basse saison il n’y a personne de disponible. Qu’importe, nous lui demandons son avis et au final nous décidons d’aller à Ait Bouguemez, dans la vallée des heureux..

Ait Bouhli et la générosité marocaine

Ait Bouguemez c’est à environ 2h30 de route de Demnate, donc pas la porte à côté pour une simple balade. Nous partons tôt et emmenons des sandwiches. La route est complètement dingue, le paysage est absolument magnifique et change de couleur toutes les 5 minutes. Nous nous arrêtons de temps en temps pour profiter du paysage et prendre des photos mais la route étant longue, on ne peut pas trop s’arrêter non plus si on veut avoir du temps sur place. Après plus de 2 heures de route, nous arrivons dans un petit village nommé Ait Bouhli et décidons de nous arrêter pour marcher un peu dans les environs car la route est longue et que finalement c’est peut-être tout aussi beau que le lieu que nous voulions voir initialement.

Là, un type nous dit qu’on ne trouvera rien, qu’on pourra tout juste marcher jusqu’à la rivière et revenir car il n’y a rien après mais qu’on peut le suivre jusqu’à la sortie du village car après il y a de beaux paysages et un petit village plus pittoresque. Nous le suivons et garons la voiture à l’endroit qu’il nous indique.

Nous poursuivons à pied sur un chemin caillouteux, d’où l’on voit la rivière et les femmes qui lavent le linge à la main. Après quelques minutes de marche dans ce paysage semi-montagneux et aride, nous apercevons un village aux maisons en terre. Nous nous y dirigeons. Arrivés là, nous nous arrêtons sous un arbre sur une espèce de petite place car il fait très chaud et nous avons besoin d’un peu d’ombre. Nous pourrions boire toute l’eau de la journée mais restons raisonnables: il faut en laisser pour le reste de la balade et pour le chemin du retour.

Nous sommes là, sous cet arbre tandis que des enfants jouent et nous observent de loin, et nous avons du mal à nous décider à retourner sous ce soleil de plomb. Alors que nous commençons à nous dire qu’il serait temps de se lever, un homme passe avec des enfants, il nous salue, continue son chemin puis revient en arrière. Il nous fait signe le suivre chez lui. Nous passons là un des plus beaux moments de ce voyage.

Cet homme nous a invité chez lui, il parle français aussi bien que nous parlons marocain, c’est-à-dire quelques mots, mais pas de quoi communiquer réellement. Qu’importe, il nous présente sa famille, son père malade qui vit ici, sa sœur qui vient d’Agadir où elle travaille dans une plantation de tomates. Comme sa sœur, il a fait le déplacement pour voir son père malade. Lui vient de Taroudant, où il est semble-t-il éleveur (en tous cas son travaille dans le secteur du lait). Une petite table en plastique est l’unique meuble autour duquel se réunit la famille. Quelques posters religieux ornent les murs, le sol est recouvert d’un tapis. Ces gens qui n’ont rien non seulement nous ont invités chez eux, mais ils veulent même nous offrir à manger. Nous refusons car nous sommes gênés et nous avons déjà des sandwiches. Finalement nous acceptons le thé et partageons un peu de sandwich, du pain et une boite de thon qu’ils ont ouverte. Avant de partir, ils nous montrent également la pièce où ils tissent des tapis, pas pour les vendre mais pour leurs besoins personnels.

La discussion est limitée, mais la gentillesse de ces gens nous touche beaucoup. Nous faisons une jolie photo souvenir que nous leur envoyons, mais nous ne la publierons pas puisqu’ils nous ont demandé de ne pas le faire. Nous avons échangé nos numéros whatsapp, la communication à l’écrit est quasiment impossible, mais nous nous envoyons parfois des photos ou échangeons des bribes de phrases, avec l’aide d’un traducteur.

Le pont naturel d’Imi N’Ifri

Sur le chemin du retour pour Demnate, nous nous arrêtons à Imil Ifni, pour y voir une formation rocheuse en forme de pont naturel. Le passage demande un peu d’agilité, de sauter parfois de pierre en pierre, en faisant bien attention où l’on met les pieds car une entorse au milieu de nulle part c’est toujours embêtant. Le lieu abrite des tas d’oiseaux, on vous conseille donc de vous couvrir la tête car il vaut mieux avoir une chiure d’oiseau sur un chapeau que sur les cheveux.

Plus que quelques jours de voyage. Au programme pour la fin: des cascades, un lac et des thermes. A suivre…

Toutes les photos du voyage dans le Sud du Maroc:

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