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Casablanca vaut-elle la peine d’être visitée?

Casablanca, ou Darbeida en arabe, la « maison blanche » est la capitale économique et la plus grande ville du Maroc. Située sur la côte atlantique, elle est à tout juste 4 heures de train de Meknès. Elle fait donc partie des destinations que l’on peut visiter même pour un court séjour. A en croire certains guides touristiques, la destination ne vaut pas la peine d’être visitée, alors que d’autres ne tarissent pas d’éloges. Le seul moyen de se faire une opinion étant de voir par soi-même, nous avons décidé d’y faire un saut. 

Bienvenue à Casablanca!

Milieu d’après-midi, nous descendons du train à L’Oasis, une gare secondaire de Casablanca, plus près de la chambre d’hôtes que nous avons réservée que la gare principale, Casa Voyageurs. Comme souvent, les chauffeurs de petits taxis attendent les voyageurs à la sortie de la gare. Nous montons dans le véhicule, qui nous emmène à destination, pour un tarif beaucoup plus cher que celui auquel nous nous attendions. Nous arrivons à destination avec la vague sensation de s’être fait plumer et l’intention de mieux se débrouiller la prochaine fois. 

Nous passons la porte et découvrons une résidence cossue à la décoration très chargée, qui met en avant l’artisanat marocain sous toutes ses formes. Des lampes en fer forgé aux coussins colorés, en passant par les cadres de bois sculpté, tout y est. Nous déposons nos bagages, nous reposons quelques minutes avant de sortir. Etant donné l’heure avancée de la journée, nous ne planifions pas un programme de visite. Nous sortons dans le quartier et arrêtons un taxi qui nous emmènera jusqu’à l’arrêt de tram le plus proche, à un tarif cette fois tout-à-fait correct. 

Ville de tous les contrastes

Nous prenons le tram jusqu’à la Place des Nations Unies. De là, nous marchons jusqu’au monument le plus important de la ville : la mosquée Hassan II. Son minaret est visible de loin, et pour cause : c’est le plus haut du monde. Ce qui nous surprend à mesure que nous nous approchons, c’est le contraste saisissant entre cet édifice imposant, les buildings étincelants qui longent le boulevard des Almohades et, juste en face, des habitations très populaires et des personnes qui fouillent dans les poubelles qui débordent. 

Au Maroc, comme dans la plupart des pays ayant connu une croissance rapide, les inégalités sont plus grandes, et surtout plus visibles que chez nous. Et Casablanca c’est la ville de tous les contrastes, les tours flambant neuves côtoient les immeubles délabrés datant de l’époque coloniale et des personnes de toutes classes sociales se croisent, sans pour autant se connaître.

La place devant la mosquée se remplit au fur et à mesure que le temps passe et que le soleil décline à l’horizon. Les enfants jouent, les familles se rassemblent et discutent en attendant le coucher du soleil et l’appel à la prière. La fraîcheur du soir se fait sentir, nous quittons les lieux et changeons radicalement de décor. 

Un coin de Japon au Maroc

Nous voici dans le quartier Gauthier. Ambiance feutrée et cosy, lumière chaude et décoration sobre chez Iloli, un restaurant… japonais ! Eh oui, nous profitons d’être à Casa, la plus multiculturelle des villes marocaines, pour tenter quelque chose qui sort de l’ordinaire. Nous nous installons au comptoir, autour d’une cuisine ouverte où les chefs s’affairent sans stress mais avec discipline, comme dans une chorégraphie parfaitement réalisée, pour préparer des plats très variés. On nous présente un plateau rempli de petits bols pour nous faire choisir notre verre à saké et on nous remet un passeport. 

Le passeport Iloli ne permet évidemment pas de passer physiquement une frontière, mais il invite au voyage et à la découverte. On y trouve la définition de certains termes, mais également des règles de bienséance à la japonaise. Par exemple, saviez-vous qu’il est très mal vu de poser ses baguettes sur le rebord du bol, ou de plonger entièrement un sushi dans la sauce soja ? De même, nous avons enfin su à quoi servent les lamelles de gingembre (gari) servies avec les sushis, makis ou sashimis : à laver le palais entre chaque poisson, et en aucun cas à poser sur son sushi pour lui donner plus de goût. 

En choisissant le menu Omakase, qui signifie « laisser faire », nous avons fait entièrement confiance au chef et nous sommes épargnés le dilemme de choisir nos plats. Chaque plat que nous apportait le serveur était donc une surprise, qu’il nous présentait de façon détaillée. Et le plus beau dans tout ça c’est de voir comment un mets est façonné en cuisine, d’en saliver, et de se demander – pleins d’espoir – s’il arrivera à notre table. 

Du ceviche parfumé au yuzu au pavé de bœuf au wasabi, en passant par les incontournables sashimis, nous nous sommes régalés. L’effet de surprise ainsi que la beauté de spécialités préparées avec minutie ont largement contribué à ravir nos pupilles et nos papilles. Un petit Genmaicha, c’est-à-dire un thé vert au riz soufflé pour finir, et nous prenons le chemin du retour. Nous passons devant le Twin Center, un quartier d’affaires où les tours jumelles marocaines côtoient les boutiques de luxe et sautons dans un taxi. 

Le lendemain, nous n’avons que l’embarras du choix pour notre petit-déjeuner : salon jaune, salon or et bordeaux, à l’intérieur, sur la terrasse ? Bref, un café, un harcha et un melloui plus tard, nous retournons à la mosquée Hassan II, pour la visite cette fois. Si le soir la place était peuplée de Casaoui, le matin ce sont les touristes qui ont pris leur place. La grande mosquée de Casablanca est l’une des rares ouvertes aux non-musulmans et les visites ont lieu uniquement le matin, car il n’y a aucune prière entre l’aube et midi. 

Visite de la Mosquée

Nous faisons la queue pour prendre notre billet, très cher par rapport au coût de la vie au Maroc. Le guichetier enchaîne les ventes à tour de bras, sans prendre le temps de donner des informations et c’est ainsi que l’on a découvert trop tard que les étrangers résidant au Maroc bénéficient d’une réduction. Le visiteur est invité à se déchausser et à placer ses chaussures dans un sachet qu’il emporte avec lui jusqu’à la sortie. 

On nous indique un guide qui fait la visite en français. Ce dernier se contentant de demander au groupe qui avait des questions pour y répondre, nous changeons de groupe et écoutons le guide italien, entouré par des dizaines de personnes assises en tailleur qui semblent l’écouter avec beaucoup d’attention. Après quelques explications sur la construction, la superficie, le toit ouvrant ou l’artisanat, nous partons observer chaque recoin par nous-mêmes. 

L’édifice impressionne par ses dimensions, par le détail de sa mezzanine en bois sculpté, par la finesse de ses arcades et doit l’être encore plus quand la salle se remplit de milliers de fidèles qui prient à l’unisson, parfaitement alignés. On aime particulièrement les portes en fer forgé donnant sur l’extérieur, avec leurs rosaces géométriques. Les japonais présents lors de la visite aussi, et nous essayons de trouver une porte qui n’est pas monopolisée par une japonaise qui enchaîne les positions de yoga devant l’appareil photo de son instagram husband. Nous visitons ensuite l’immense salle des ablutions au sous-sol, où sont alignées des fontaines de marbre en forme de fleur puis nous dirigeons vers la sortie. 

Du poisson frais au bord de l’océan

Nous nous rendons au port de pêche, passons les grilles de l’ancien poste de douane et entrons dans le restaurant qui se situe à l’intérieur du port. On ne trouve pas beaucoup de poisson frais à Meknès alors autant profiter d’être au bord de l’Atlantique pour faire le plein. Nous commandons une salade de poulpe, frais, tendre, mais passons quelques minutes à nous interroger sur l’arrière-goût étrange que nous sentons et qui ne nous est pas inconnu. Le poisson est bien frais, mais l’huile d’olive qui l’assaisonne a un goût rance, comme souvent au Maroc, malheureusement. Il existe de l’huile d’olive locale de très bonne qualité, mais beaucoup de marocains sont habitués au goût rance et l’associent à quelque chose d’authentique, de naturel. Nous commandons donc en plat principal un poisson grillé, sans huile. Simple et bon. 

Le quartier des Habous

Puis nous profitons des dernières heures à Casablanca pour visiter un quartier plus tranquille. Considéré comme la nouvelle médina, le quartier des Habous surprend dans une ville aussi moderne. On y entre par une porte finement sculptée, les boutiques, encore fermées à cette heure, sont alignées sous des arcades elles aussi en pierre sculptée. Nous flânons, à la recherche d’un café et de quelques gâteaux. Il y a dans le quartier des Habous une pâtisserie réputée, mais fermée en début d’après-midi. Par chance, il y a aussi des marchands ambulants, comme ce jeune homme de Meknès qui vend des arbouses ou ce grand-père qui pousse un chariot rempli de biscuits sablés. Nous profitons du calme ambiant à la terrasse d’un café avant de repartir. 

Le seul inconvénient de ce quartier, c’est qu’il est isolé. Pour en sortir il n’y a aucun autre moyen que le taxi et nous avons beau attendre sur le bord de la route, pas de taxi à l’horizon. Il y a en revanche un chauffeur qui stationne et attend les clients, celui-ci ne facture pas le prix de la course en fonction du compteur mais au forfait. Le tarif est hors de prix mais nous n’avons pas le choix. Nous récupérons nos bagages et retournons à la gare pour prendre le train du retour. 

Alors, verdict?

Au final, si Casablanca n’est pas la plus belle destination du Maroc, on ne peut vivre dans le royaume chérifien sans l’avoir visitée. Cette ville de tous les extrêmes vaut le détour pour mieux comprendre le pays et si vous envisagez un voyage de plusieurs semaines au Maroc, passez-y une journée ou deux.

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